Points clés :
- Ce sont de nouveau les constructions de logements qui ont enregistré le plus fort repli en août
- Le nombre de nouveaux contrats obtenus par les entreprises de BTP françaises a fortement baissé
- L’emploi n’a affiché qu’un recul marginal
Les données PMI HCOB produites par S&P Global mettent en évidence une accélération de la contraction du secteur du BTP français en août, la faiblesse de la demande clients et le fort repli des nouveaux contrats ayant pesé sur les niveaux d’activité. Si les entreprises se sont de nouveau déclarées pessimistes quant à une hausse de leur activité au cours des douze prochains mois, la contraction de l’emploi a toutefois nettement ralenti par rapport à juillet, son taux s’étant replié à un plus bas de six mois. Les entreprises ont néanmoins cherché à réduire leurs dépenses au cours du mois, comme en témoigne le nouveau repli du volume des achats.
La baisse de l’activité achats s’explique également par l’augmentation du coût des matériaux de construction. Si le taux d’inflation des prix payés par les entreprises de BTP reste inférieur à la majorité de ceux enregistrés depuis deux ans et demi, il s’est toutefois redressé par rapport à juillet. Cette accélération de l’inflation s’est en outre accompagnée d’un retour à la hausse des délais de livraison des fournisseurs.
L’indice PMI® HCOB de l’activité globale du secteur de la construction français – qui mesure les variations mensuelles des niveaux d’activité du BTP – s’est replié de 42,9 en juillet à 42,4, signalant ainsi une nouvelle baisse de l’activité globale en août, et la plus forte contraction depuis décembre 2022.
Conformément à la tendance enregistrée depuis juin, c’est le secteur des constructions résidentielles qui a enregistré les plus faibles performances en août. Selon les données de l’enquête, les constructions de logements sont en outre les seules à avoir enregistré une baisse plus marquée qu’en juillet, le taux de contraction ayant atteint son plus haut niveau depuis mai 2020. Le repli de l’activité a en revanche ralenti dans les deux autres sous-secteurs étudiés, celui des constructions à usage industriel et commercial ayant enregistré la plus faible baisse.
L’enquête signale une nouvelle diminution du nombre de nouveaux contrats obtenus par les entreprises de BTP françaises août, tendance que les répondants attribuent à l’augmentation des taux d’intérêt et aux baisses de la demande clients et des projets d’investissements qui en résultent. Si le taux de contraction s’est replié à son plus faible niveau depuis janvier, il reste toutefois élevé au regard des critères historiques de l’enquête.
En conséquence, les entreprises ont de nouveau réduit leurs effectifs en milieu de troisième trimestre, les répondants ayant signalé des suppressions de postes les attribuant fréquemment au non-remplacement de départs volontaires. L’emploi a ainsi reculé pour un sixième mois consécutif, le taux de contraction ayant toutefois affiché son plus faible niveau de l’actuelle période de repli.
Cherchant à diminuer leurs coûts, les entreprises de BTP ont une nouvelle fois fortement réduit le volume de leurs achats. Si ce repli de l’activité achats résulte en partie de la hausse du prix des matériaux de construction, de nombreux répondants l’ont également attribué à la baisse des nouveaux chantiers.
Le taux d’inflation des prix des achats s’est redressé par rapport à juillet, bien qu’il soit resté inférieur à la majorité de ceux enregistrés depuis deux ans et demi. Cette augmentation des coûts des entreprises a coïncidé avec un retour à la hausse des délais de livraison d’intrants. Si le taux de détérioration de la performance des fournisseurs a affiché son plus haut niveau depuis avril, il n’a toutefois été que marginal en août.
Enfin, les entreprises de BTP françaises ont de nouveau anticipé une baisse de leur activité au cours des douze prochains mois, mentionnant notamment l’impact de la hausse des taux d’intérêt et le faible niveau de la demande. Identique à juillet, le degré de pessimisme s’est en outre maintenu à un niveau élevé.
Norman Liebke, économiste à la Hamburg Commercial Bank, commente ainsi les derniers résultats de l’enquête PMI : « La profonde récession du secteur de la construction français mise en évidence par les données PMI HCOB au cours des derniers mois a été confirmée par les données de l’Insee. La conjoncture reste difficile pour les entreprises de BTP, notamment dans le secteur des constructions résidentielles où la demande ne cesse de diminuer sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt et de la perte du pouvoir d’achat engendrée par l’inflation. Les données PMI du mois d’août mettent ainsi en évidence une nouvelle contraction du secteur du BTP français au troisième trimestre 2023.
La hausse des taux d’intérêt rejaillit fortement sur les performances du secteur de la construction, comme en témoignent notamment les nouvelles diminutions des effectifs et des nouveaux contrats enregistrées en août. Le recul de l’emploi s’explique en partie par le non-remplacement des départs volontaires, décisions reflétant les mesures de réduction des coûts adoptées par les entreprises afin de faire face à un environnement économique difficile.
Par ailleurs, la hausse des prix des achats s’est renforcée par rapport à juillet, tendance que les entreprises interrogées attribuent à des difficultés d’approvisionnement. De fait, l’indice PMI des délais de livraison des fournisseurs s’est replié sous la barre de 50,0 du sans changement, signalant un allongement des délais de livraison d’intrants en août. L’accroissement des délais pouvant être synonyme de nouvelles hausses des prix, l’évolution de cet indice devra faire l’objet d’un suivi attentif au cours des prochains mois.
Le secteur de la construction français traverse une période difficile. Les entreprises demeurent en effet pessimistes quant à une croissance de leur activité au cours des douze prochains mois, citant fréquemment la conjoncture économique défavorable engendrée par les hausses des taux d’intérêt, et caractérisée par l’augmentation des coûts de refinancement, la baisse de la demande clients et le niveau élevé des prix d’achats. »