Points clés
- La contraction s’est renforcée dans le secteur de la construction, la demande ayant de nouveau baissé
- Le degré de pessimisme s’est redressé à un pic de plus de deux ans ; l’emploi a chuté
- Les fortes pressions sur les coûts ont entraîné un nouveau repli de l’activité achats
Le fort repli de l’activité du secteur de la construction français s’est poursuivi en novembre, les dernières données de l’enquête mettant en évidence une accélération de la contraction en milieu de quatrième trimestre. La baisse de l’activité s’est accentuée dans les trois sous-secteurs étudiés, les constructions résidentielles et les travaux publics et d’infrastructure ayant affiché des taux de contraction particulièrement marqués.
La chute de l’activité globale signalée en novembre s’explique par une nouvelle baisse des nouveaux chantiers. Parallèlement, l’emploi a de nouveau reculé tandis que le degré de pessimisme des répondants quant à l’évolution de leur activité au cours des douze prochains mois s’est renforcé par rapport au mois précédent. Les entreprises interrogées ont en outre mentionné le maintien de fortes pressions sur leurs coûts en novembre.
L’indice PMI® pour le secteur de la construction – calculé à partir d’une question unique posée à un panel de répondants et portant sur leur niveau effectif d’activité par rapport au mois précédent – s’est maintenu sous la barre du 50,0 du sans changement pour un sixième mois consécutif. Ayant chuté de 44,3 en octobre à 40,7, il signale en outre un renforcement de la contraction du secteur français de la construction en novembre, et indique le plus fort repli de l’activité globale depuis janvier 2021.
Les données de l’enquête mettent en évidence un recul de l’activité dans les trois sous-secteurs étudiés. Ce sont les constructions résidentielles qui ont enregistré la plus forte baisse en novembre, le taux de contraction ayant atteint son plus haut niveau depuis deux ans et demi. Les travaux publics et d’infrastructure ont également fortement reculé, et ce à leur rythme le plus élevé depuis janvier 2021. Les constructions de locaux à usage industriel et commercial ont quant à elles diminué pour un deuxième mois consécutif, la contraction ayant également affiché un rythme soutenu.
Le repli de l’activité globale a résulté d’un nouvel affaiblissement de la demande, notamment dans le secteur public. Selon les répondants, la forte hausse des coûts et le recul des investissements ont également fait reculer les mises en chantier. Ainsi, le nombre de nouveaux contrats obtenus par les entreprises de BTP françaises a diminué pour un huitième mois consécutif, le taux de contraction s’étant renforcé par rapport à octobre pour afficher son plus haut niveau depuis février 2021.
La baisse de l’activité et de la demande ayant pesé sur le moral des entreprises, les perspectives d’activité à douze mois se sont fortement repliées en novembre. L’indice correspondant a ainsi chuté à un creux d’un peu plus de deux ans, signalant un fort degré de pessimisme dans le secteur. De nombreux répondants craignent une faiblesse prolongée de la demande, et l’impact de celle-ci sur leurs niveaux d’activité au cours des douze prochains mois.
La baisse de la charge de travail a conduit les entreprises à réduire le volume de leurs achats en novembre. Les données de l’enquête signalent ainsi une forte baisse de l’activité achats, le taux de contraction s’étant redressé à son plus haut niveau depuis trois mois.
Malgré ce repli de la demande d’intrants, les délais de livraison de matières premières et autres matériaux de construction se sont allongés au cours du mois, tendance suggérant le maintien de contraintes de capacité chez les fournisseurs.
Parallèlement, les entreprises de BTP françaises ont réduit le niveau de leurs effectifs en novembre, portant ainsi à cinq mois la période de recul de l’emploi. Bien que modéré, le taux de contraction a atteint son plus haut niveau depuis presque deux ans.
Les données de l’enquête ont de nouveau indiqué une forte hausse des coûts en novembre, tendance que les entreprises interrogées ont fréquemment attribuée aux pénuries de matières premières, à la flambée des prix de l’énergie ainsi qu’au niveau élevé de l’inflation.
Joe Hayes, Senior Economist à S&P Global Market Intelligence, commente ainsi les derniers résultats de l’enquête : « La détérioration de la conjoncture du secteur français de la construction s’est très nettement accentuée depuis septembre. L’activité a fortement reculé en novembre, le rythme de la contraction ayant dépassé celui, déjà très marqué, enregistré en octobre et atteint son plus haut niveau depuis janvier 2021.
Le repli de l’activité globale a principalement résulté d’une baisse des mises en chantier en novembre. Selon les entreprises interrogées, la flambée des coûts et le manque croissant de visibilité économique ont pesé sur les décisions d’investissement et ainsi fait chuter la demande, notamment dans le secteur public.
Cette conjoncture difficile risque en outre de perdurer, comme le suggèrent les autres indices de l’enquête. L’emploi a en effet enregistré sa plus forte contraction depuis presque deux ans tandis que le volume des achats des entreprises de BTP françaises s’est à nouveau replié.
Le degré de pessimisme s’est ainsi renforcé en novembre, laissant présager une nouvelle dégradation de la conjoncture dans les mois à venir.
L’évolution des variables de l’enquête, associée aux dernières données PMI pour l’industrie manufacturière et le secteur des services, souligne la probabilité croissante d’un début de récession en France. »