Points clés
- La contraction s’est renforcée dans le secteur de la construction français en octobre
- La hausse des prix de l’énergie a pesé sur la demande, les clients ayant réduit leurs dépenses
- Les perspectives d’activité des entreprises sont restées défavorables
La contraction du secteur de la construction français s’est accélérée en octobre, l’activité globale ayant enregistré son plus fort recul depuis février 2021. Les dernières données PMI signalent en outre un nouvel affaiblissement de la demande, la hausse des prix de l’énergie ayant incité de nombreux clients à réduire leurs dépenses. La baisse des nouveaux contrats s’est en outre renforcée au cours du mois.
Les perspectives d’activité à douze mois sont restées défavorables en octobre, les entreprises de BTP françaises associant leur pessimisme au niveau élevé de l’inflation. L’enquête indique le maintien de fortes pressions sur les coûts, tendance reflétant la hausse des prix des matériaux de construction, des carburants et de l’énergie.
L’indice PMI® pour le secteur de la construction – calculé à partir d’une question unique posée à un panel de répondants et portant sur leur niveau effectif d’activité par rapport au mois précédent – s’est maintenu sous la barre du 50,0 du sans changement pour un cinquième mois consécutif en octobre. Ayant fortement chuté de 49,1 en septembre à 44,3 il signale en outre un renforcement de la contraction du secteur français de la construction, et indique le plus fort repli de l’activité globale depuis février 2021.
Les données de l’enquête mettent en évidence un recul de l’activité dans les trois sous-secteurs étudiés. Les constructions résidentielles ont, de très loin, enregistré la plus forte baisse en octobre, le taux de contraction affichant son plus haut niveau depuis mai 2020. Les constructions de locaux à usage industriel et commercial ont également fortement diminué, tendance contrastant avec les hausses enregistrées en août et en septembre. Ce sont les travaux publics et d’infrastructure qui ont affiché le plus faible recul, le taux de contraction s’étant toutefois redressé par rapport au mois précédent.
Le repli de l’activité globale a résulté de la faiblesse de la demande, le nombre de nouveaux chantiers ayant fortement diminué en octobre. Selon les répondants, la forte hausse des prix de l’énergie a dissuadé les clients, en particulier dans le secteur public, d’entreprendre de nouveaux projets.
Les entreprises de BTP françaises ont mentionné une nouvelle hausse marquée des prix de leurs achats en octobre. Le taux d’inflation s’est redressé pour un troisième mois consécutif et a affiché son plus haut niveau depuis juin dernier. Les répondants ont attribué cette dernière hausse de leurs coûts à l’augmentation des prix des carburants, de l’énergie et des matériaux de construction.
L’inflation galopante et la faiblesse de la demande ont pesé sur le moral des entreprises qui se sont de nouveau dites pessimistes quant à une hausse de leur activité au cours des douze prochains mois. Cette tendance s’est reflétée dans l’indice des perspectives d’activité qui, s’étant maintenu sous la barre du 50,0 du sans changement, s’est en outre replié par rapport à septembre.
Faisant écho à la tendance enregistrée pour les perspectives d’activité, l’emploi et l’activité achats ont reculé en octobre. Si le taux de suppression de postes est resté stable par rapport à son niveau marginal de septembre, le retour à la baisse de l’activité achats marque en revanche un revirement de tendance par rapport à la période de croissance quasi-continue enregistrée depuis mars 2021.
Malgré la baisse de la demande d’intrants, les performances des fournisseurs se sont de nouveau détériorées en octobre. Les données de l’enquête mettent en effet en évidence une nouvelle hausse des délais de livraison d’intrants, par ailleurs la plus forte depuis juin dernier.
Enfin, le recours à la sous-traitance a diminué en octobre, les répondants ayant expliqué cette tendance par l’affaiblissement de la demande, la forte hausse des tarifs des sous-traitants et la détérioration de la qualité des prestations offertes.
Joe Hayes, Senior Economist à S&P Global Market Intelligence, commente ainsi les derniers résultats de l’enquête : « La détérioration de la conjoncture du secteur français de la construction s’est accentuée au début du quatrième trimestre. Les dernières données PMI mettent notamment en évidence la faiblesse de l’activité de constructions résidentielles, la hausse des coûts d’emprunt ayant entraîné le plus fort repli des constructions de logements depuis le premier confinement lié à la Covid-19, au premier semestre 2020.
Selon les entreprises interrogées, le coût élevé de l’énergie a pesé sur les dépenses des clients, l’enquête signalant une baisse accrue des nouveaux contrats en octobre.
Les entreprises de BTP françaises se préparent ainsi à affronter une conjoncture très difficile au cours des prochains mois. Les perspectives d’activité se sont en effet de nouveau assombries en octobre, tandis que les répondants ont indiqué avoir diminué leurs effectifs et leur activité achats afin de préserver de leur trésorerie.
Le climat d’incertitude économique ainsi que la probabilité d’une nouvelle hausse des taux d’intérêt et le risque sousjacent d’une nouvelle flambée des cours de l’énergie à l’approche de la période hivernale continueront de peser sur les décisions d’investissement au cours des prochains mois. »